Transmission
La compagnie travaille depuis son origine avec des non-professionnels et dans tous types de lieux (établissements scolaires, centres sociaux, maisons d'arrêt, associations…) pour mener des ateliers, conduire des formations, créer des spectacles et inventer des formes atypiques.
Nous ne faisons pas de distinction entre ce travail et celui de nos créations. Il est intimement lié à la pratique du théâtre documentaire qui nécessite rencontres, immersion et collecte de paroles. Il le nourrit et le prolonge sous des formes variées : ateliers, créations participatives et radiophoniques, films…
Ces formes sont des expérimentations artistiques à part entières qui gravitent autour de nos spectacles, tels des satellites…
"- À Vineuil ouais t’as un Auchan, t’as un laser game, t’as un Macdo, alors commence pas à critiquer (rires)..."
"Des territoires"
Dispositif d’atelier proposé par la scène nationale de Blois (Halles aux grains) : 25 heures avec des élèves de 1ère, spécialité Humanités Littérature et Philosophie du lycée Notre Dame des Aydes.
De février à mai 2022, autour de l'accueil de Saint-Félix à la scène nationale de Blois, Marion Morvan a proposé à une classe de première, 25 heures d'atelier théâtre pour réfléchir à la mise en scène théâtrale du réel :
"J’ai proposé aux jeunes d’écrire, récolter et réfléchir à comment raconter sur scène l'endroit où l'on vit qui nous est si familier, qu'on voit avec les yeux du quotidien... Comment le regarder et le donner à percevoir d'une façon différente, poétique, fantasmée ?" (Marion Morvan)
Les élèves sont 25, ils ont entre 16 et 18 ans. La plupart n'a jamais fait de théâtre avant mais ils ont tous déjà été au théâtre avec l'école. Un bon tiers du groupe est motivé, les autres plutôt réservés mais curieux.
A partir d'exercices d'écriture et d'improvisations durant les séances autour de l'endroit où l'on vit, des enregistrements de certains débats sur la région, et d'échanges nourris sur un googlechat réunissant le groupe, Marion a construit un montage à partir duquel le groupe a créé une petite forme à jouer au Théâtre Nicolas Peskine au mois de mai.
La restitution est émouvante, les élèves impressionnés de la forme finale, et le théâtre de l'investissement de chacun.
A l'école de la deuxième chance de Trappes
14 élèves de l'Ecole de la 2ème chance de Trappes ont participé pendant trois jours (du 23 au 25.02.22) à un atelier théâtre coordonné par la scène nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines et mené par Iannis Haillet et Marion Morvan autour de Pères, que certains ont pu découvrir la semaine précédente à la médiathèque de Trappes.
Différents exercices ont permis d'abord d'appréhender la scène, l'espace, avant de s'attarder collectivement sur la question des pères. Différentes cartes (de Trappes, des Yvelines, de l'Ile de France et du monde) ont d'abord permis de retracer les itinéraires familiaux des gens du groupe, révélant ce qui a changé, s'est perdu et a persisté au fil des générations et libérant les premières histoires.
Pour la suite, le groupe s'est séparé en deux, l'un se consacrant à des exercices d'écriture et l'autre enregistrant des souvenirs pour ensuite les reproduire à l'identique en direct par l'exercice du verbatim.
Les deux groupes se sont ensuite retrouvés pour une restitution émouvante avec beaucoup de bienveillance et d'intérêt pour les parcours de chacun.
Souvenirs à la carte - projet EAC à Etampes
Souvenirs à la carte est un projet EAC initié par la Scène nationale de Malakoff et soutenue par la DRAC-Ile-de-France dans le cadre d'une résidence territoriale à Etampes réunissant un lycée et deux collèges.
Trois compagnies inventent et se partagent les ateliers : la compagnie Sans la nommer, le collectif I am a bird now et la compagnie Babel avec Marion Morvan et Zoé Fauconnet.
De 2020 à 2022, Souvenirs à la carte travaille autour de la récolte et du souvenir avec des élèves de différents établissements à Etampes pour les sensibiliser à des pratiques d'écriture et de montage du théâtre contemporain. Chacune des trois compagnies impliquées choisit son angle de travail, nous avons axé notre projet de collecte autour de la famille, en écho avec le spectacle Pères programmé à la scène nationale de Malakoff la même année en itinérance. 23 élèves du collège de Guinette d'Etampes ont suivi les ateliers de Marion Morvan et Zoé Fauconnet qui a donné lieu à une restitution en janvier 2022.
Nous avons créé un jeu de 7 familles à échelle humaine portant chacune le nom d’un quartier d'Etampes. Chaque élève est invité à récolter de la "matière" dans sa propre famille (objets, images, gestes, odeurs, sons, souvenirs, paroles rapportées) pour venir la transformer, la fictionnaliser et la mixer avec les matériaux des camarades de sa « fausse" famille durant nos séances en classe. Ces exercices ont permis de réfléchir à ce qui et à qui fait famille, à confronter différents schémas parentaux et à toucher du doigt comment le théâtre peut se saisir de matériaux tirés du réel, apparemment anecdotiques.
C'est ce que les élèves ont pu expérimenter lors de la séance de restitution en prenant la mesure de la création collective, de l’interprétation et de la force de l’imagination. Beaucoup d’élèves ont été séduits par ce qu’il était possible de raconter et d'inventer à partir d’une parole de tous les jours, et par tout ce que permettent les techniques de montage dans l'écriture.
"Ecrire et mettre en scène le réel" - Stage enseignants à Privas
Elise Chatauret et Thomas Pondevie ont, en collaboration avec le Théâtre de Privas, animé un stage à destination d'enseignants du secondaire, durant trois jours (les 13, 14 et 15 octobre 2021) autour des écritures du réel, au lycée Vincent d'Indy de Privas. Merci aux participants pour leur investissement et la qualité des échanges que nous avons pu avoir avec eux, en particulier sur ce que veut dire enseigner la pratique du théâtre aujourd'hui, avec quels moyens, quelle considération, comment et pour qui.
Présentation du stage pour les participants, enseignants du secondaire :
Cette formation avec des artistes est une plongée au cœur d’un démarche artistique particulière, avec la metteuse en scène et le dramaturge de la compagnie, avec comme objet commun un de leur spectacle, Saint-Félix, programmé au théâtre de Privas.
Cette formation offre une initiation : au théâtre contemporain ; aux écritures de plateau ; aux écritures du réel ou documentaires, catégorie en vogue qu’il conviendra d’interroger ensemble.
Autour de Saint-Félix, et durant ces trois jours, nous partagerons avec les enseignants une partie des outils de répétition et de recherche de la compagnie Babel, au croisement : du documentaire et de l’exercice de l’entretien ; de l’écriture et du montage ; du jeu d’acteur.
Nous proposons de repartir de la matière documentaire de Saint-Félix, les entretiens audio initiaux entre la compagnie Babel et les habitants du hameau de Saint-Félix, puis de leur retranscription sur le papier, pour remonter ensuite jusqu’au texte définitif et à la partition actuelle du spectacle.
Nous expérimenterons ce qui, à chaque étape se joue, ce que ça implique pour le plateau, ce qui se transforme pas à pas et ce que chaque étape induit pour le travail de l’acteur : le verbatim pur (répétition in vivo des bandes-audio avec un casque), le texte monté et troué (la partition commence à être agencée), la parole rapportée (« il/elle a dit : ... »), la mémoire de la parole rapportée sur un mode improvisé. Ce sera l’occasion d’expérimenter certaines de nos recherches : la question de la trace de l’origine de la parole, de la transmission, et le passage du « il » du rapporteur/narrateur/témoin, au « je » de l’acteur, et même si l’on veut du personnage ; la question de l’adresse et la construction d’une forme d’égalité dans le rapport aux spectateurs ; la nécessité de prendre le temps, d’user d’une forme d’attention et de douceur quand on se met dans la parole d’un autre ; l a construction de différentes strates narratives pour raconter, le mélange des voix, et le brouillage des temporalités.
Stage d'interprétation du 3 au 21 mai 2021 au théâtre de la Tempête à destination de comédiens professionnels (stage AFDAS)
De la parole récoltée à sa mise en jeu, quelles questions posent le matériau documentaire pour l’acteur ? Qu’est-ce-que l’origine et l’histoire d’un texte modifient dans son énonciation ? Le matériau documentaire engendre-t-il un rapport particulier au jeu ? Quelles questions éthiques et esthétiques se posent pour l’acteur ? À travers ces questionnements, l’acteur sera également invité à appréhender le processus de création d’un spectacle : du choix d’un sujet à la collecte de matériau, comment fait-on spectacle à partir de documents authentiques et d’enquêtes ? Quelles relations cela crée avec le réel, avec le monde contemporain ? L’objectif est de donner aux comédien.nes des outils permettant de s’approprier ce type de matériau mais aussi d’acquérir une notion plus intime des processus qui mènent à l’écriture.
Ce stage est une plongée au cœur d’une démarche artistique particulière sur la question de la trace de l’origine de la parole, sur la question de l’adresse et sur la nécessité d’utiliser une forme d’attention et de douceur. Il s’agira donc pour les acteurs d’un travail sur le jeu mais aussi sur des questions de dramaturgie, de montage et de création.
Dans la salle de répétitions
Au travail dans le hall du théâtre de la Tempête
FILM PAR LES VILLAGES
En parallèle de la création de Saint-Félix, Hélène Harder et Elise Chatauret ont réalisé un film court à partir d'entretiens avec 6 agriculteurs du Vexin. A l'image, les acteurs de la compagnie les questionnent sur leur mode de vie, le territoire qu'ils occupent, l'activité qu'ils pratiquent, leurs difficultés et leurs joies. Pensé comme une première partie de Saint-Félix, un pont et un point de rencontre entre la pièce et les habitants du Val d'Oise, il s'agit pour les membres de la compagnie de recroiser et mettre en dialogue les thèmes de la pièce avec ceux qui traversent le territoire: crise du monde agricole, sensation d'un monde qui disparait, questionnement sur les échelles (du local ou global), sur l'identité française, la mobilité, l'opposition ville-campagne...
Le film a été projeté en première partie de Saint-Félix lors du Festival du Val d'Oise: du 4 au 7, les 11 et 13 décembre.
La vie sur écoute
Le projet « La vie sur écoute, créations radiophoniques sur le territoire du Bourget » repose sur le désir de mettre en relation les élèves d’un lycée et les patients et soignants d’une clinique de rééducation et de soin de suite située à quelques centaines de mètres de celui-ci. Pendant six mois, les élèves du lycée Germaine Tillon du Bourget ont ainsi été à la clinique et ont enquêté sur une réalité très éloignée de la leur à travers un prisme : les émotions. Ils ont interrogé patients et soignants, pris des sons et appris à réaliser une émission de radio.
En partenariat avec le Lycée Germaine Tillon du Bourget, le Théâtre de la Commune, et la Clinique de soin de suite et de rééductation du bourget. Un projet réalisé par Elise Chatauret et Edouard Zambeaux, en collaboration avec Nathalie Broux, Charlotte Marchal, Jean-Marcel Guigou, Nicolas Pottier Casado et les élèves de seconde du Lycée Germaine Tillon.
On m'a aidé
à descendre et
mis sur mon fauteuil.
Mon fauteuil.
Je n'aurais jamais cru
avoir un fauteuil
dans ma vie.
Atelier PJJ
Exploration de l’infiniment grand et de l’infiniment petit : Le Théâtre de la Cité Internationale propose aux jeunes de la PJJ un vertige dans le monde de l’infiniment grand et de l’infiniment petit à travers une rencontre avec un artiste dans un lieu de culture scientifique. Ensemble, ils partageront l’expérience vécue sur les ondes…
Avec Edouard Zambeaux, journaliste, nous avons été visité Le Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget avec 5 jeunes de la PJJ et réalisé une émission retraçant cette expérience.
BABEL A HERBLAY
3 ans de résidence
De 2018 à 2020, la compagnie est en « résidence territoriale d’implantation artistique » à Herblay-sur-Seine, avec le soutien de la ville, du département, du Ministère de la culture - Drac Ile-de-France et du Festival Théâtral du Val d’Oise (aujourd’hui le Pivo).
Trois ans pour découvrir un théâtre, une ville, ses habitants, leurs histoires, ses jeunes, leurs vies et leurs désirs, et confronter notre théâtre, nos pratiques, nos recherches, à leurs regards, dans un jeu d’influences réciproques passionnant. Trois ans pour bénéficier des infrastructures et des équipes municipales. Trois ans : une chance et un sacré pari !
De 2018 à 2020 donc, nous avons mené dans la ville et ses alentours des ateliers et des stages en direction des jeunes (14 semaines d’ateliers en tout, pour des jeunes de 11 à 24 ans) , nous avons répété et présenté des spectacles en salle et hors-les-murs (Ce qui demeure, Saint-Félix et Supernova), et nous avons fédérer sur la durée une troupe de 11 jeunes gens du Val d’Oise avec qui nous avons créé en septembre 2020 dans des conditions professionnelles un spectacle issu de notre présence dans le département, intitulé : « Autoportrait d’une jeunesse » !
Cette présence au long cours dans une ville est le gage de rencontres approfondies et durables entre une compagnie et des habitants ; c’est une ancre d’amarrage précieuse pour la création ; c’est une source de propositions riches pour un territoire.
Merci à tous les partenaires, et un immense merci à la troupe de Babel à Herblay pour son implication et son travail formidable ! On n’est pas prêts de vous oublier. Bravo Morgane, Kyllian, Ismahane, Laurine, Lucas, Colin, Lydia, Gabriel, Johann, Dana et Inaam.
Ateliers à la maison d'arrêt de Fresnes
Thomas Pondevie et Charles Zévaco ont mené, un mois durant, un atelier théâtre au sein du Centre Pénitentiaire de Fresnes avec un groupe de détenus autour du ciné-roman LA JETEE de Chris Marker.
"De septembre à octobre 2022, durant 11 séances, nous avons circulé dans les images du film La Jetée de Chris Marker pour essayer de raconter avec les moyens du théâtre cette histoire où l'humanité, recluse dans les sous-sols de Paris après la 3ème guerre mondiale, apprend à voyager dans le Temps pour y trouver les moyens de sa survie. Pour devenir "capables d'imaginer ou de rêver un autre temps", les hommes doivent s'exercer à "construire des images mentales fortes."
C'est tout un programme pour l'acteur comme pour le détenu : devenir un athlète de l'imaginaire pour rêver d'autres temps. Nous sommes partis de ce conte philosophique pour muscler nos imaginaires, s'immerger dans des souvenirs du passé et inventer des rituels nouveaux.
Merci à tous les détenus qui ont suivi l'atelier pour votre confiance, votre investissement et votre engagement : Joël, Nicolas, Samir, Mamadou, Hanse, Amine, Mouloud, Matt, Mehdy et Réda."
"Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance."